Le sionisme musulman
Le sionisme musulman - Par Abdelkader Amlou
An Nahar
:: mardi, le 13 juin 2006
L’islamologue française, Madame Anne-Marie Delambre, a critiqué mon "Appel aux musulmans : Quand le Coran est sioniste", dans le but de détruire la thèse de « Reconnaissance Religieuse » fondée sur le Coran, prétendant que ce livre récupère les prophètes juifs en les purifiant des fautes de leur peuple, et par conséquent, « Israël justifié » dans l’aval du Coran est un « Israël musulman ».
Madame Delcambre, loin d’avoir voulu tendre sciemment la vérité Coranique, confond des sens à ne plus confondre de quelques mots qui font l’objet de son discours, toujours hostile, sur un islam « extrêmement violant » et sur le prophète Mahomet, le « guerrier » : Affaire de hobbies !
« Juif » et « jew »
On ne trouve pas le mot « juif » dans les écritures hébraïques. Seules les français l’emploient pour designer les adeptes du judaïsme. Chez les anglais le mot « jew » porte le même sens. Aucune liaison n’existe entre les deux mots, sauf leur non appartenance au radical « Juda ». Le son « j », l’ajout des anglais qui ont à leur tour traduit si tôt du Latin, les textes saints, avant que les français le fassent, et la large diffusion des textes après l’invention de l’impression, venait dès lors remplacer le son latin « u » et le grec « ou ». Ainsi « Youssef » devient « Joseph », Yaâcob » devient « Jacob », « Yehouda » devient « Juda » etc.
A l’encontre du français, le mot « Jew » s’apparente manifestement à un autre dans une autre vieille langue qui a commercialisé pour des siècles nombreux avec l’hébreu : Tamazight, dans son dialecte du sud marocain. Il s’agit du mot « gayou » qui signifie « tête », terme pris comme unité de recensement de la population.
Quelque soit l’origine du mot « juif », son sens de culte, de culture, remplace aujourd’hui le sens ethnique d’entité de provenance d’un espace géographiquement limité, ou bien, dans les meilleurs des cas, introduit celui d’appartenance à la tribu de « Juda ».
« Yahoudi » en arabe
Les Arabes quant à eux gardent encore deux nominations distinctes : « Yahoudi » (au singulier), et « Fils d’Israël). La première nomination indique la communauté de provenance de « Yahouda » au sens géographique et culturel, la seconde pour indiquer les douze tribus, ascendants de Jacob. Alors que les deux sens parfois fondus l’un dans l’autre, fondent le discours dans la littérature musulmane, les anglophones et les francophones « inventent » des mots étrangement nouveaux, loin d’être capable d’envisager tous à la fois les sens géographique, culturel et ethnique.
« Yahoud » (pluriel), « benou-Israel » dans le Coran
Le Coran reprend la terminologie existante déjà sur place, à l’époque, sans confondre de significations. On sait que la présence des cette communauté de Juda au tout culturel différent de celui de l’arabe, et qualifiée de civilisée, a influencé profondément toute la vie de l’arabe au point de se convertir au judaïsme. Lorsque le Coran relate les événements de l’histoire de cette communauté nouvelle, ils nous parle des « Fils d’Israël », mais lorsqu’il s’agit d’une polémique, il parle des « juifs » : On est dans ce cas, en face des « Fils d’Israël et les arabes convertis au Judaïsme ». Deux sens, ethnique et culturel.
Islam Littéral et Islam Conventionnel
Le mot « islam » vient dans le texte coranique dans deux sens différents. Relativement à l’histoire des enfants d’Israël, pour les définir en tant que monothéiste parfaitement « soumis » (c’est bien la signification de « mouslim, musulman » en arabe) à Dieu. C’est le sens littéral du mot. Le sens conventionnel est celui d’un islam aux cinq piliers. C’est au 7ème siècle avec Mahomet que ce sens devient, inclus le littéral, considérable. Si on prend en considération uniquement la conventionalité du terme, on risque de mettre Abraham, par exemple, en dehors de l’islam, ce qui est d’ailleurs impardonnable.
Entre le Coran et l’Ancien Testament
Dans l’Ancien Testament le mot « juif » est inexistant. Mais on peut traduire l’expression qui les désigne, comme entité religieuse différente des polythéistes, par « Adorateurs de YAHWAH ». Cette expression est rappelée dans le Coran aussi. Adoration de Dieu, dont le fruit n’est en fin de compte qu’une soumission parfaite à la volonté de Dieu contenue dans le mot « islam ». Il n’est pas étonnant dès lors qu’elle soit une expression où converge le sens ethnique et culturel, « fils d’Israël » et « juif », car les deux mots renvoient aussi au religieux qu’à l’ethnique. La Torah , s’agissant de l’histoire des fils d’Israël s’intéresse à la vie des descendants de Jacob, dans le sens ethnique le plus pur, quant aux Nabiim, ces livres prêtent attention à la polémique au premier plan.
Tout comme la Torah et les nabiim, le Coran suite à la même procédure, entame une séparation entre les deux grands thèmes : l’Histoire et la Religion. Et voilà donc la légitimité de reprendre la communauté dans ces deux dimension : L’ethnie spécifique aux descendants de Jacob, et la religion partagée avec les autres. Les appellations distinctes sont cependant de recours.
La confusion dans la littérature herméneutique occidentale qui se donne au Coran, à cause de la sous-estimation réservée aux mots, laisse à prévoir le malentendu pour des décennies à venir. D’où l’ambiguïté, la perplexité, qui devraient être évité si l’on apprenait à procéder de manière à respecter le contexte historique, social et politique, pour définir à la perfection autant que possible, les significations des termes employés comme notions décisives dans la construction du discours.